RAPHAËL BEDROS XXI Catholicos-Patriarche de Cilicie des Arméniens Catholiques
Très Cher Saint-Père,
Aujourd’hui, tout le Liban a vécu une journée de grâce. Votre prière dans la grotte de Saint Charbel,
saint du silence et de la lumière, nous a rappelé la force salvatrice de la foi.
À présent, aux pieds de Notre-Dame du Liban, nous sommes rassemblés sous le regard maternel de Celle qui embrasse tous ses enfants. Un sanctuaire où les peuples et les religions se rencontrent et se réconcilient. Notre Dame de Harissa est le point d’appui spirituel du Liban. Nous lui confions notre nation, l’Église et le monde entier.
Très Saint-Père, Votre visite aujourd’hui est une flamme vivante de prière et d’espérance, qui éclaire chaque recoin de notre pays. Chaque jour, où que nous soyons — dans les églises, les chapelles ou les maisons — nos voix s’élèvent comme un seul chant, comme un parfum d’encens montant vers le ciel. Nous prions avec Vous, Très Saint-Père, pour la paix, pour la justice et pour la renaissance de notre bien-aimé Liban.
Sur cette terre bénie, berceau de l’Orient chrétien, la foi possède des racines anciennes et profondes. Ici, où résonnent les langues et les liturgies des Églises d’Orient et d’Occident, la pluralité des traditions se transforme en richesse, signe de la grâce multiforme de Dieu.
Et, avec nos frères et sœurs qui partagent avec nous la soif de paix et de justice, nous voulons témoigner que la coexistence est possible, et que l’amour est plus fort que toute division.
Au cours des dernières années, le peuple libanais a affronté des épreuves qui ont profondément ébranlé son corps et son âme. Et pourtant, nous sommes encore là. Malgré la douleur et la fatigue, nous continuons à avancer comme gardiens de l’espérance et témoins de paix. C’est alors que la prière se transforme en action vivante : nous tendons la main aux pauvres, nous accompagnons les jeunes désorientés, nous essuyons les larmes de ceux qui ont tout perdu.
Nous avons gardé la mémoire des martyrs et nous l’avons transformée en un Évangile vécu, incarné dans le quotidien. De cette foi ardente jaillit la force de l’Orient chrétien : une force qui nourrit, qui protège la vie et la dignité de chaque personne, dans un pays qui abrite dix-huit confessions religieuses — symbole concret de la manière dont la foi peut devenir un pont au-dessus des blessures du monde.
Comme les disciples dans la barque en pleine tempête crièrent au Maître : « Sauve-nous, Seigneur, nous périssons ! » (Mt 8,25), ainsi nous aussi, enfants de cette terre meurtrie, nous nous confions à Votre intercession, certains que le Seigneur accordera au Liban et à tout le Moyen-Orient la véritable Paix, celle qui naît du Christ ressuscité. Votre présence, Très Saint-Père, nous rappelle que Dieu est avec nous. L’Église est avec nous. Nous ne sommes jamais seuls.
Que la grâce de Dieu descende comme une pluie bienfaisante sur nos montagnes et dans nos vallées.
Que la lumière de l’Évangile éclaire chaque cœur, chaque maison et chacune des étapes de notre chemin.
Dans le Christ ressuscité,